Quand la confiance et la transparence deviennent
des leviers d’impact collectif
Le 4 novembre 2025, lors du Rendez-vous de l’Habitation de la Société d’habitation du Québec, un panel a réuni Adam Martelli, vice-président, développement immobilier résidentiel chez Broccolini et Yann Omer-Kassin, coordonnateur du développement de Bâtir son Quartier. Ensemble, ils ont présenté une collaboration inédite entre le secteur privé et le milieu communautaire: le projet Triangle Nord Pointe-Saint-Charles.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du redéveloppement du secteur Bridge–Bonaventure, un ancien territoire industriel du Sud-Ouest de Montréal en pleine transformation. Sur un vaste terrain à l’intersection des rues Bridge, Wellington et Saint-Patrick, deux tours jumelles totalisant près de 800 logements locatifs verront le jour, dont 376 logements abordables hors marché.
Une alliance née d’un chantier d’idées
L’origine du projet remonte à 2022, alors que la Ville de Montréal lançait le Chantier Montréal Abordable pour repenser la production de logements à prix abordable. Co-présidé par Édith Cyr, Roger Plamondon (président sortant de Broccolini) et le maire Benoit Dorais, ce chantier a permis à des acteurs issus d’univers différents de se découvrir, d’échanger et de bâtir un langage commun.
« C’est dans ce contexte que la relation de confiance entre Broccolini et Bâtir son Quartier s’est développée, explique Édith Cyr. Nous avons réalisé que l’on partageait la même volonté : loger plus de ménages, plus vite, à coût raisonnable, sans compromettre la qualité. »
De cette rencontre d’expertises est née l’idée d’un projet commun, conçu dès le départ avec un troisième partenaire clé : Point Commun, un OBNL du Sud-Ouest.
Une collaboration à livres ouverts
Selon Adam Martelli, la clé du succès repose sur la transparence : « Nous avons commencé par reconnaître nos forces respectives et nos limites. Broccolini apporte une expertise en conception-construction et en contrôle des coûts et délais; Bâtir son Quartier apporte sa compréhension fine des programmes publics et du montage social et communautaire. »
Cette approche à livres ouverts – partage intégral des données, des marges, des risques et des décisions – a permis d’éliminer les redondances budgétaires et d’instaurer une confiance réelle entre les partenaires et la SHQ.
« Il est rare qu’un projet public–privé fonctionne avec autant de fluidité, souligne Martelli. Nous avons pu recalculer ensemble les réserves, ajuster les paramètres de financement en direct et trouver des solutions optimales, sans perdre de temps. »
Optimiser chaque dollar public
Le projet dont les coûts projetés dans les 130 M $ combine financement fédéral, provincial et municipal avec du capital patient et des prêts institutionnels, dans une logique de leviers croisés. L’objectif: maximiser le nombre d’unités abordables par dollar public investi.
Grâce à la densité et à une conception efficace – 20 étages, typologies empilées verticalement, infrastructures partagées – le coût moyen par logement abordable s’approche de la cible de 100 000 $ de subvention par porte, tout en maintenant une architecture durable et attrayante.
Le chantier des logements hors marché débutera à l’été 2026 pour une livraison prévue à l’automne 2028.
Un modèle reproductible
Au-delà du projet, le panel a mis en lumière un modèle de gouvernance et de transparence qui pourrait inspirer d’autres partenariats.
« Chaque dollar public peut aller plus loin si les acteurs partagent leurs informations et leurs objectifs dès le départ, » conclut Martelli.
Pour Broccolini et Bâtir son Quartier, ce modèle prouve qu’on peut faire du logement abordable autrement : en travaillant ensemble, en se respectant, et en cherchant le résultat avant la reconnaissance.
Le Triangle Nord Pointe-Saint-Charles devient ainsi bien plus qu’un chantier : un laboratoire d’innovation sociale et immobilière pour une ville plus inclusive.
